Le collège Eton a été fondé comme une école caritative par le roi Henry VI

Les collèges privés d'élite comme Eton, Harrow et Winchester sont connus comme des écoles publiques car ils ont en effet été fondés par l'État pour l'éducation de pauvres universitaires. Pourtant, en facturant 43 000 £ par an, Eton fait partie des 10 internats les plus chers du Royaume-Uni. En fait, Eton College a été créé par le roi Henry VI qui l'a conçu comme une école de charité, sur le modèle de Winchester College (la plus ancienne des sept écoles publiques anglaises définies par la Commission Clarendon) pour fournir une éducation gratuite à des garçons appauvris mais brillants qui allez au King's College de Cambridge.

Au fil des siècles, Eton a éduqué des lauréats du prix Nobel et des générations de l'aristocratie, mais il est le plus fier de ses dirigeants politiques. En fait, lorsque Alexander Boris de Pfeffel Johnson a pris ses fonctions le 24 juillet 2019, il est devenu le 20e Premier ministre d'Eton College. De façon effrayante, l'homme qui a tenté de renverser le Parlement britannique sous de faux prétextes en utilisant l'autorité de la Reine aura désormais le privilège de son propre buste parmi 19 autres premiers ministres du Royaume-Uni moins controversés.

La devise de l'école: "Floreat Etona" se traduit par "que Eton s'épanouisse"

Pourquoi les collèges privés d'élite comme Eton ne produisent pas les meilleurs leaders

En Grande-Bretagne et, en fait, dans certains autres pays du Commonwealth, notamment à Singapour, le lien entre l'éducation dans une école «d'élite» et le leadership est forgé en acier et plaqué d'or. Si leurs parents peuvent se le permettre, ou dans le cas de Singapour, entièrement financés par l'État par le biais de bourses sous caution, ces enfants finissent par emprunter un chemin prédestiné littéral vers la «grandeur» sanctionnée par l'État menant d'Oxbridge (un portemanteau d'Oxford et Cambridge) ou des institutions américaines équivalentes de la Ivy League comme Harvard et Yale jusqu'à des postes élevés dans des organes gouvernementaux tels que l'armée, le pouvoir judiciaire ou le corps législatif.

Boris Johnson, assis, premier à droite

Boris Johnson, comme beaucoup de ses pairs du Premier ministre, a été envoyé dans des pensionnats d'élite pendant leur adolescence. Dans le British Journal of Psychotherapy, le Dr Joy Schaverien a identifié un ensemble de symptômes communs chez les pensionnaires débutants qu'elle appelle «le syndrome du pensionnat». Sur les traces du psychothérapeute Nick Duffell, un pionnier dans le domaine qui a écrit Leur fabrication, un livre influent sur les blessures que l'internat peut infliger, Schaverien a étudié l'impact psychologique et émotionnel durable au cours de ces années de formation.

Si vous y réfléchissez, des garçons aussi jeunes que sept ans quittent la maison pour rejoindre ces écoles et une culture qui est entièrement étrangère à un jeune impressionnable et immature. «La rupture précoce avec la maison a une influence durable sur les modèles d'attachement. Quand un enfant est élevé à la maison, la famille s'adapte pour l'accueillir: grandir implique une négociation constante entre parents et enfants. Mais une institution ne peut pas se reconstruire autour d'un enfant. Au lieu de cela, l'enfant doit s'adapter au système », écrit le Dr Schaverien. Ces jeunes entrent sans force directrice dans leur vie, sauf un système élitiste et des pairs également mal préparés à survivre à cette culture de misogynie et d'intimidation. Et puis, on s'attend à ce que ces garçons, ayant grandi dans des tours d'ivoire littérales, soient censés être des parangons de noblesse, de vertu et de stabilité?

Le professeur Schaverien explique que les symptômes des victimes sont souvent cachés derrière une façade fragile de compétence. La honte d'avoir eu - ce que le grand public perçoit en grande partie comme une vie de privilège - peut les empêcher de reconnaître leur détresse ou même leur manque de connaissances dans des domaines spécifiques. En fait, c'est le psychologue des années 1960, John Bowlby, qui a décrit l'école publique comme faisant partie de «la barbarie séculaire requise pour produire des gentlemen anglais».

Malheureusement, la «barbarie» que Bowlby a décrite elle-même est aujourd'hui tradition honorée par le temps enveloppé dans les signes extérieurs d'une excellente réputation, qui à son tour attire le genre de familles d'élite qui paieraient le gros prix pour faire entrer leurs scions dans ces écoles. Néanmoins, ce n'est pas le genre d'élitisme confiné entre les océans Atlantique et Pacifique - en fait, un scandale récent impliquant l'arrivée d'étudiants de familles riches en Ivy League et dans d'autres collèges d'élite américains a secoué le continent américain en 2018, culminant avec les coupables. verdict pour l'actrice de Desperate Housewives Felicity Huffman où elle a été condamnée à 14 jours de prison pour avoir payé 15 000 $ pour gonfler les scores SAT de sa fille le 13 septembre. Un riche vigneron californien Agustin Francisco Huneeus, a été le dernier à être condamné le vendredi 4 octobre à cinq mois de prison pour avoir payé des dizaines de milliers de dollars pour augmenter artificiellement les scores SAT de sa fille et pour tenter de la faire recruter comme joueur de water-polo à l'Université de Californie du Sud, la peine la plus sévère à ce jour. Plus près du Pacifique, le milliardaire singapourien Zhao Tao a versé 6,5 millions de dollars américains à William Singer, le chef de file d'un programme élaboré déguisé sous la forme de «dons» à une fondation à but non lucratif - The Key Worldwide pour que sa fille Zhao Yusi entre à l'Université de Stanford. Mais nous nous éloignons.

Selon Der Spiegel, la pression grandissante du public a contraint environ 2 500 de ces «écoles publiques» à augmenter leur nombre d'élèves boursiers et a même introduit des exigences en matière de service communautaire pour présenter ces jeunes au monde au-delà de leurs bulles d'élite, mais à Eton College, des enfants des familles «pauvres» ne représentent que 73 des 1 200 familles riches ou extrêmement riches.

À titre de référence, au cours de l'année académique 2017-2018, Eton a récolté 51 millions de livres sterling de frais de scolarité, sans compter les revenus supplémentaires provenant d'activités parascolaires comme la musique, ni les biens immobiliers de premier ordre (quelque 400 bâtiments d'importance historique) ni la dotation et les titres, ni les 175 000 objets et œuvres d'art, y compris des reliques de la chrétienté et des antiquités précieuses. Dans le cas où cela n'apparaît pas encore, dans les admissions aux collèges d'élite comme dans la culture et la vie réelle des collèges d'élite, la personne soutenue avec le plus d'argent gagne.

Nourrir les pseudo-adultes

Enfants socialement et économiquement privilégiés contraints à une vie qui n'est pas de leur choix, où tout semblant d'une enfance normale où les dessins animés du samedi matin en famille sont échangés le matin avec Descartes et Chaucer et l'après-midi avec Keynes et Strauss et les dîners en tenues de soirée et tous les signes extérieurs de l'étiquette et le droit, sont des catalyseurs pour que les adolescents prépubères se forcent à imiter la forme et la posture des adultes autonomes sans la maturité émotionnelle et la sagesse des vrais adultes.

Comme il s'avère que ces écoles d'élite se révèlent être des gens qui semblent beaucoup plus compétents qu'ils ne le sont réellement, l'apparence et la capacité de régurgiter des factoïdes obscures et des références littéraires sont une boucle de rétroaction autonome similaire à l'effet Dunning Kruger: «Si je suis dans une école d'élite et la société croit que je suis élite, je dois donc être élite ».

La formation de son compatriote Etonian David Cameron a façonné sa décision de procéder à un référendum désastreux qui risquait tant pour rien

Boris Johnson à Eton

Ces «adultes» mal formés n'ont littéralement pas développé les compétences non rationnelles nécessaires pour entretenir des relations, ils sont les héritiers du monde, ils n'ont pas besoin du consensus de leurs «petits». Dans ces systèmes, les dirigeants le vendent comme un système utopique de méritocratie et d'équité, mais la triste réalité est que cette méritocratie est facilement manipulable à condition d'avoir suffisamment de liquidités pour jouer le système - soit par un tutorat avancé et répété, soit par le scandale des admissions mentionné ci-dessus. , en étant payé pour être dans les bonnes écoles et en obtenant les bons stages.

Constitution d'un parlement décentralisé

Bien que Boris «Trump britannique» Johnson puisse sembler emblématique de Syndrome des internats, il est peut-être injustement un bouc émissaire: ces lacunes sont également apparentes chez des prédécesseurs comme David Cameron. Les survivants des pensionnats sont enfermés dans une culture de droit, paradoxalement coachés et encadrés pour montrer les traits de citoyens honnêtes à travers des horaires rigides dans des institutions soumises à des règles avec de graves conséquences pour l'échec (papiers mal écrits publiquement déchirés par les enseignants devant la classe) sans incarner l’empathie requise pour une véritable conscience civique. Naturellement, ce sont des enfants qui ne doivent en aucun cas avoir l'air enfantins ou insensés, bref vulnérables, se faisant passer pour des adultes sans le processus nécessaire pour devenir de vrais adultes.

Bien qu'il n'y ait pas de définition légale de l'intimidation, le gouvernement britannique la définit comme un comportement répété avec «l'intention de blesser quelqu'un physiquement ou émotionnellement» et selon ces définitions, il y a beaucoup d'intimidateurs de singes et de singes. Cela est d'une évidence frappante pour quiconque a travaillé avec des macaques rhésus, une espèce de singe avec une hiérarchie rigide très similaire à la nôtre. Ils adoptent un comportement que le primatologue Frans de Waal de l'Université Emory à Atlanta, en Géorgie, appelle «bouc émissaire». Est-il alors surprenant que l'intimidation au sein de l'espèce humaine soit omniprésente dans la politique et les médias. Dans le documentaire de la BBC de 1994 Leur réalisation, nous sommes initiés à un concept appelé «personnalité de survie stratégique» - une projection de fausse confiance, de duplicité stratégique et de sérieux pseudo-adulte - cela décrit-il Messers Trump et Johnson?

La psyché et la culture des collèges privés comme Eton sont également évidentes dans leurs documents d'examen, comme dans le Kings Scholarship Examination de 2011 lorsque les étudiants ont été invités à se demander s'il était préférable d'être aimé que craint ou dans des essais qui établissent une prémisse où, `` L'année est 2040 et il y a eu des émeutes dans les rues de Londres après que la Grande-Bretagne a manqué de pétrole à cause de la crise pétrolière '', puis ils sont invités à envisager les remarques du Premier ministre pour une émission expliquant pourquoi le déploiement de l'armée pour réprimer le les troubles étaient «à la fois nécessaires et moraux».

Le Parlement déconcentré de Banksy est finalement un miroir et probablement la raison pour laquelle il a remporté le genre d'offres. Près des deux tiers du cabinet de Boris Johnson sont des politiciens formés dans des écoles privées. Pensez-y, les deux tiers des ministres britanniques proviennent des 7% les plus aisés de la population avec les perspectives et les perceptions formées par la bulle de la vie scolaire privée. Le Parlement ne devrait-il pas refléter l'organe politique qu'il prétend représenter?

Adam Nicolson, 61 ans, co-auteur deÀ propos d'Eton insiste fortement sur le fait qu '«il y a toujours eu un réel sentiment que nous étions une sorte d'élite dans tous les sens: social, intellectuel, éducatif et financier». Le sentiment qu'Eton se considère comme une «école de gouvernement» qui produit malheureusement des leaders pseudo-adultes n'est pas faux non plus, comme Nicolson continuerait à l'expliquer après avoir été trouvé ivre par son maître de maison, «Écoutez, Adam. Peu importe si vous vous saoulez, ne vous faites pas attraper. Voici Eton. Le projecteur est sur vous. "

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Eh bien, les projecteurs sont braqués sur Boris Johnson maintenant. Le 20e Eton britannique a instruit le Premier ministre, près de 300 ans après le premier (Robert Walpole a obtenu son diplôme d'Eton en 1696 et est devenu Premier ministre en 1721). Et maintenant, le drame à la suite d'une décision d'un tribunal écossais de la suspension du Parlement de Johnson illégale parce qu'il l'a fait pour empêcher les députés d'examiner le Brexit a fait de lui un paratonnerre de mauvaise publicité qui force une fois de plus le collège Eton à défendre sa réputation de voie facile pour alimenter le système.

Birling Gap, Seven Sisters & Beachy Head, 14 mars 2017

L'époque d'Eton de Walpole est révolue, bien que The Economist 1843 tente de brosser un tableau d'un Eton essayant d'évoluer, le lecteur a le sentiment que même si PM Johnson est arrivé au pouvoir un peu comme PM Walpole dans des circonstances similaires de crise nationale, la principale différence est que la navigation habile de Walpole dans la bulle financière de la Chine du Sud contraste fortement avec la gestion du Brexit par Johnson. Les historiens considèrent en grande partie la stratégie de Walpole de maintenir la Grande-Bretagne en paix comme le plus grand facteur de la prospérité historique du pays et la «prudence, constance et vigilance de Walpole, jointe à la plus grande indulgence possible dans son caractère et sa politique» a grandement contribué à un comportement personnel qui fait de lui un grand leader (et Premier ministre pendant 21 ans); des qualités humaines malheureusement absentes des premiers ministres étoniens depuis le début du XXe siècle S'il est facile de blâmer Boris Johnson pour son manque de leadership, il n'est finalement qu'un simple produit du système.

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